L’idée de faire mon arbre généalogique titillait déjà ma curiosité à l’adolescence. Le sujet m'intéressait beaucoup, non seulement afin de connaître l'histoire de ma famille et de son évolution à travers les générations et les siècles, mais aussi pour tenter de percer à jour quelques secrets de famille et trouver quelques réponses aux questions que mon père se posait.
Il est décédé en février 2014 à l'âge de 61 ans.
Il ne connaîtra jamais mes recherches. Mais à chaque découverte que je fais sur les personnes dont je parle un peu loin dans cet article, entre autres, je me demande ce qu'il en aurait pensé.
J’ai commencé brièvement ma généalogie, en autodidacte, après avoir créé un compte gratuit sur un site spécialisé en 2012 en tant que souche de l’arbre. J'y ai ajouté le peu de renseignements que j’avais en ma possession à l'époque, mais par manque de temps, de méthodes aussi, j'ai laissé mon arbre de côté pendant quelques années.
En 2018 ayant plus de temps pour moi et ne pouvant plus retourner travailler pour raisons médicales, je recherchais une activité plus adaptée à ma situation et plus sereine que celle que j'avais depuis quelques années, tout en pouvant m'épanouir personnellement.
C'est à ce moment-là que je décide de me repencher un peu plus souvent, et plus sérieusement, sur mes recherches généalogiques que j'avais laissées en plan en reprenant tout depuis le début. Mon premier généajoie arrive peu de temps après, lorsque je commence à utiliser les variantes des noms de famille et que j'arrive à débloquer ma branche paternelle.
Mais c'est vers 2019-2020 que je commence à me consacrer pleinement, c'est à dire presque tous les jours pendant de longues heures, à la généalogie. C'est aussi la période où j'ai découvert mes branches Bourguignonnes, après celles du Centre- Val de Loire, autres qu'en Touraine.
Et depuis, j'ai plutôt bien avancé dans mon petit tour de France.
Je ne me souviens plus à quel moment j'avais fini par obtenir une copie du livret de famille de mes arrière-grands-parents paternels, mais c'est grâce à ce document qui m'ouvrait plusieurs portes par lesquelles je suis entrée que tout à vraiment pu commencer
Mon arrière-grand-mère paternelle s’appelait Madeleine Louise Anne Prière. Elle est née à Château-du-Loir dans la Sarthe le 25 mai 1898. Elle était la troisième, et seule enfant non décédée en bas âge, d’une fratrie de quatre. Tous issus du mariage (en date du 20 avril 1893 à Château-du-Loir) de Louise Pauline Vaudolon (née à Château-du-Loir le 16 juin 1872) et de Jean Marie Gaspard Prière (né au Creusot (Le) Saône-et-Loire le 5 janvier 1869). Je reviendrai sur eux, et plus en détail, une prochaine fois.
Elle épousa en premières noces, à Tours le 6 juin 1916, Georges Gabriel Silvain Dauvé, né à Tours le 1er avril 1884. Elle est mineure et orpheline, et unique survivante de la fratrie, lors de ce 1er mariage. Sa tutrice, qui donna son consentement pour ledit mariage, était Marie Eugénie Estelle Rousseau, épouse de feu Hippolyte Vaudolon, et donc la grand-mère maternelle de Madeleine Louise Anne Prière.
L’adresse de ces dernières est située au n°72 rue Losserand à Tours.
Du côté de l’époux, c’est son père qui le représenta puisque le jeune homme se trouvait au front, où il décédera, à Sillery dans la Marne, le 24 août 1918.
Voici donc mon arrière-grand-mère veuve à l’âge de 20 ans (décidément…).
Un enfant est né durant ce mariage. Cette information à propos d'un de mes grands oncles que j'avais connu enfant fût une autre surprise pour moi, après celle de la découverte que les trois premiers enfants de Madeleine, dont mon grand-père, étaient nés hors mariage.
C'est en farfouillant dans les tables décennales et recensements de Rochecorbon (Indre-et-Loire), que je le trouve sous deux autres patronymes que celui inscrit sur le livret de famille. Le premier, en toute logique, est Dauvé. Le nom du premier mari de sa mère.
Le second est celui de sa mère. Conflit avec la belle famille ? Doute sur la paternité ?
Le troisième, et dernier nom qu'il portera, sera celui de Gabillet, puisque, comme pour ses deux frères nés hors mariage, il sera légitimé lors du mariage d'Albert et Madeleine, comme cela est noté en mention marginale sur son acte de naissance ci-dessous.
Acte de naissance de Gilbert. AD37, Rochecorbon naissances 1906-1922 vue 124
TD Naissances Rochecorbon
Recensement Rochecorbon 1921
Livret de famille Gabillet / Prière
Autres particularités du côté des proches de Madeleine. Son père et son premier époux ont tous les deux été fait Chevalier de La Légion d'honneur.
Le premier, mon arrière arrière-grand-père, a obtenu la civile par décret du 05 août 1913 (récépissé de la décoration : 28 octobre 1913), et militaire pour le second par arrêté du 17 novembre 1915.
Venons-en au second époux de Madeleine, mon arrière-grand-père Albert Auguste Gabillet.
Albert Auguste est né à Tours le 25 juillet 1893. Il est le dernier enfant d’une fratrie de trois (je n’en ai pas trouvé d’autres à ce jour), tous issus du mariage (en date du 23 septembre 1879 à Richelieu, Indre-et-Loire) d’Auguste Léopold Gabillet (né à Richelieu le 31 mars 1858) et Julienne Richer (Juliette sur certains actes. Née à Richelieu le 29 mai 1858).
Lors de leur mariage Auguste Léopold est déclaré comme étant ouvrier boulanger, Julienne, elle, est couturière.
À la naissance d’Albert Auguste, Julienne est dite sans profession et Auguste Léopold boulanger, mais sur le recensement de 1906 à Tours, où la famille habite désormais, il est inscrit comme boucher et sa femme comme bouchère. En 1893, la famille habite au n°20 de la rue des Fossés Saint-Martin à Tours. Le nom actuel de la rue (sauf erreur de ma part) serait rue de la Victoire.
En 1906, la famille habitait au n°11 rue des Orfèvres. Nom d’une rue qui devrait dire quelque chose à celles et ceux qui connaissent le vieux Tours avec sa place Plumereau et ses alentours. Je reconnais que cela m’a particulièrement émue de l’apprendre, puisqu’à cet endroit se trouve un café, où la lycéenne que j’étais se rendait de temps en temps pour y boire un verre. Et à quelques mètres de là, le fameux "Les Trois Orfèvres".
Sur l’extrait du recensement de 1906 ci-dessous, il y a bien écrit boucher et bouchère (changement de métier ou une erreur ?) et patron, ce qui laisse supposer qu’à cette époque c’était déjà un local commercial, et que mon arrière arrière-grand-père y tenait boutique. Je n’ai encore rien trouvé d’autre à ce jour concernant ce commerce qui confirmerait cette hypothèse.
Albert Auguste a participé à la grande guerre avec le 27e et le 29 régiment de dragons, entre autres. Il fût nommé brigadier le 1er mai 1918
Fiche matricule. Archives de Touraine. Classe 1913. Matricules n°1501-1955 1R788 vue 204
Mes arrière-grands-parents, Albert et Madeleine, se sont mariés à Tours le 15 décembre 1922.
Lors du mariage, Albert habite au n°3 rue Constantine, et est déclaré comme étant commerçant. Son père, toujours commerçant, a quant à lui déménagé du côté du quartier des Prébendes, au 16 rue Laponneraye, Julienne, elle, est décédée quelques mois auparavant, le 21 février à Tours. L'adresse sur son acte de décès est rue Constantine n°3. Son époux a-t-il déménagé une fois veuf ?
Acte de décès. AD 37, Tours, décès 1922-1922 vue 82
Madeleine est domiciliée à Rochecorbon lors de son second mariage.
Acte de mariage. AD 37, Tours. Mariages, 1922 cote 6NUM8/261/437 vue 333
Probablement au même endroit où sont nés ses trois premiers enfants, c'est à dire à "La villa l'Ancre" à Saint-Georges, Rochecorbon.
C'est à travers mes recherches que j'ai découvert l'existence de ce second fils de mon arrière-grand-mère Madeleine, Jean Marie, né après Gilbert et un an avant mon grand-père. Je n'en connaissais pas l'existence. Ce qui est assez surprenant puisqu'il a vécu à Tours où il est décédé le 9 novembre 1982. Ville où je suis née en 1972 et que j'ai quittée en 1991.
Jean Marie André Maurice est déclaré comme enfant naturel, et est né le 15 août 1919 à Rochecorbon de parents inconnus. Sa mère le reconnaîtra en décembre de la même année. Il portera le nom de sa mère jusqu'à ce qu'il soit lui aussi légitimé lors du mariage de Madeleine et Albert.
Acte de naissance en date du 16 / AD 37, Rochecorbon, naissances 1906-1922 vue 138
L'enfant qui suit, mon grand-père Georges Louis, est né le 25 août 1920 à Rochecorbon. Concernant ses actes de naissance (commune et greffe), sur l'un des actes de naissance que l'ont m'a transmis, et que je suppose être celui de la commune, se trouve dans l'acte un "père non dénommé" qui est barré, suivit du nom et du prénom du père.
Sur l'autre acte de naissance, qui doit être celui du greffe et que l'on peut trouver en ligne à partir des archives départementales, ce "père non dénommé" n'est pas repris.
AD37, Rochecorbon, naissances 1906-1922 vue 160
En mention marginale on retrouve le "Enfant naturel", ainsi que la mention attestant de sa légitimation lors du mariage de ses parents en 1922, et sa date de mariage avec ma grand-mère Geneviève Charpentier.
Quant à "La villa l'Ancre", lieu où sont nés mon grand-père et ses deux frères ainés, je n'ai rien trouvé à ce jour à son sujet.
Sur le recensement de Rochecorbon en 1921, on retrouve Madeleine sous le nom de son premier époux, son fils Gilbert sous son nom à elle, au n°15 Quai de Rochecorbon, mais Jean Marie et Georges sont absents de ce recensement.
On les retrouve dans le recensement de Draché (37) dans la famille Blanchet aux Coteaux, n°2.
L'épouse de Pierre Blanchet était épicière, mais était-elle aussi la nourrice des deux enfants ?? Je n'ai à ce jour aucune réponse à cette question.
AD37, Draché, recensement 1921 vue 9 (Rochecorbon était un canton de Vouvray)
D’autres enfants naîtront durant le mariage d'Albert et Madeleine:
Daniel Robert, le 18 avril 1923 à Rochecorbon
Liliane Marie Louise Berthe, le 27 septembre 1924 à Rochecorbon
Madeleine Alberte (sœur Marie-Claude) le 10 juillet 1926 à Rochecorbon
Albert Emile, le 02 janvier 1928 à Loches (Enfant placé à L'abri maternel de Bourdigal- tel que noté sur son acte de décès le 24 novembre 1929– Etait-il avec sa mère ? Ses frères et sœurs ? Encore un mystère à éclaircir)
Jacques René, le 09 septembre 1931 Paris XXe.
La naissance et le décès de ce dernier enfant inscrit sur le livret de famille vont être très importants pour l'avancement de mes recherches, puisque c’est après ces actes que je perdais la trace de mes arrière-grands-parents paternels jusqu’à leur décès.
Suivant l'acte de décès de ce dernier enfant, le couple habitait au n°92 de la Villette, Paris XIXe Ar, mais l’enfant serait décédé au n°4 rue de la Chine dans le XXe Ar. La déclaration est faite à la mairie par un homme, employé, vivant à la même adresse.
L'enfant était-il en nourrice ? Cet homme était-il le mari de la nourrice ?
Il est aussi précisé sur cet acte que les parents étaient tous les deux aides-comptables.
Archives de Paris XX e arrondissement, décès
Il y a seulement quelques mois (début 2024), j'ai retrouvé mon Albert Auguste Gabillet dans un recensement de l'Aube datant de...1931.
Là où je le pensais à Paris à cette époque avec sa femme, il résidait en fin de compte à Bar-Sur-Aube, au n°23 rue de l'Aube, comme chef de famille avec une autre épouse du nom de Pauline Debry.
Mais qu'est-ce donc que cette histoire ??
AD10, Bar-sur-Aube, recensement 1931
Je retourne rechercher dans les archives de Tours voir si un homonyme né la même année que lui pouvait existait.
Non ! C'est bien lui. Sacrebleu !
Je commence donc à effectuer des recherches sur cette "épouse". Je retrouve son acte de naissance à Paris XIXe Ar en 1901 (erreur sur l'année de naissance dans le recensement ci-dessus). Je lui trouve aussi un mari, Roger Henri Émile Pinard, décédé à Paris XIVe Ar en 1933.
On dirait bien que notre Albert et Pauline ont pris la poudre d'escampette avec les enfants de madame sous le bras.
On les retrouve à Beaulieu-Lès-Loches (37) dans le recensement de 1946. Ils habitent rue Guigné. Cette fois-ci, madame est inscrite comme "amie" sous son nom d'épouse et son année de naissance est juste. Son fils, Raymond Pinard, habite toujours avec eux. Un neveu portant le nom de Debry, né en 1941, habite aussi dans les lieux. Albert n'est plus courtier en bestiaux, mais chauffeur.
A D37, Beaulieu-Lès-Loches, recensement 1946 vue 18
Par contre, pas de divorce, en tout cas pour Albert, puisque sur son acte de décès datant du 10 mai 1951 à Beaulieu-Lès-Loches, il est bien noté qu'il est l'époux de Madeleine Louise Anne Prière. C'est un des enfants de Pauline Debry qui fera la déclaration du décès à la mairie. Je ne connais pas d'enfant né de ce couple que formaient Albert et Pauline.
AD37,Beaulieu-lès-Loches, Décès, 1923-1952 vue 270
Mais qu'est-il donc advenu de Madeleine ?
Je retourne dans les archives de Paris pour voir si je vais trouver quelque chose dans le recensement de 1931 en utilisant l'adresse sur l'acte de décès de cet enfant Gabillet né et décédé à Paris.
Bonne pioche !
Elle habite bien au n°92 de la Villette, quartier Amérique, Paris XIXe, mais pas seule, s'y trouve aussi un René Gérardin comme chef de ménage. Ils sont tous les deux comptables. Était-ce son concubin ?
(D'après mes recherches, à cette adresse se trouve un immeuble de cinq étages construit en 1926)
Archives de Paris, recensement 1931
Je ne sais pas en quelle année le couple Gabillet-Prière s'est séparé, ni pour quelle raison leurs enfants n'étaient pas avec eux en 1931, ni même où les enfants pouvaient bien se trouver cette année là et les suivantes.
Que s'est-il passé après ce recensement de 1926 à Rochecorbon où nous retrouvons la famille au complet (exceptés les deux derniers enfants pas encore nés), et habitant à "Les Gâtiniaires" à Rochecorbon ?
Ont-ils placé les enfants avant de partir à Paris, comme cela avait été le cas pour leur fils né en 1929 ?
Se sont-ils séparés durant cette période-là et Madeleine serait partie seule dans la capitale ?
Tant de questions encore sans réponse pour l'instant.
Il me reste encore beaucoup de points à éclaircir sur cette fratrie.
J'ai connu, en plus de mon grand-père, trois d'entre-eux, Gilbert, Daniel et Madeleine Alberte (sœur Marie-Claude) lorsque j'étais enfant pour les avoir vu quelques rares fois, mais je n'en garde malheureusement que de vagues souvenirs.
Gilbert s'est marié en 1940 à Tours, puis a quitté la Touraine pour habiter à Aix-les-Bains où il est décédé en 1988.
Quant à Daniel, lui, c'est dans le Pas-de-Calais où il était parti s'installer. Il s'est marié le 26 juin 1949 à Libercourt (62), et est décédé à Liévin (62) en 1990.
Tante Marie Claude était bonne soeur à Tours. Elle est décédée le 22 mai 2015 à la Pommeraye (49). Si je ne m'abuse, il s'agit du Centre spirituel Providence de la Pommeraye.
Je n'ai pas connu les deux autres, Jean-Marie et Lilianne, en tout cas pour cette dernière je n'en ai pas souvenir.
Jean Marie s'est marié à Montbazon le 20 septembre 1947, et est décédé à Tours le 9 novembre 1982.
Liliane s'est mariée tardivement, en tout cas il n'y a qu'un mariage en mention marginale sur son acte de naissance. Elle s'est mariée le 19 mai 1984 à
Novillars (25). Elle est décédée à Maîche (25) le 9 août 2010.
Les anciens n'étaient pas bavards, même si quelques brides de vie avaient pu être rarement révélées, particulièrement à propos de Madeleine, mais jamais sur Albert, qui somme toute, semble lui aussi avoir délaissés ses enfants.
Ces quelques brides du passé, ces non-dits, qui m'ont donné envie d'en savoir plus et de commencer ma généalogie familiale. Ceux que je dévoile au grand jour sans complexe en levant ces quelques voiles qui planent autour des secrets de ma famille, puisque pour moi, dans un arbre généalogique c'est ce qui réunit les petites feuilles des branches entre elles qui importent, pas ce qu'elles représentaient. Toutes sont importantes, les paysannes comme les notables et les nobles, les royales comme les mendiantes. Car si une seule de ces petites feuilles n'avait pas existée, nous ne serions pas là pour en parler.
Article mis à jour le 24 avril 2024
Comments